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Le Canard inquiet
9 mai 2021

Mental O

Un ami, une autre amie, nous respirons l'air frais d'un jardin en surplomb d'une vallée agréable à simplement regarder, depuis notre taille humaine, flirtant avec le vide et les espaces abîmés par la touche créatrice d'une usine à immobiliser les vies, et nous concertons sur mes défaillances aux airs stupides. Je suis un éternel bleu et quelque chose me dérange dans le ciel. Je ne sais pas si c'est un oiseau ou une apparition et déjà un second nous survole. Est-ce que les autres les voient ? J'ai un subit secouement de la tête sur la gauche, quelque chose m'agresse. Et recommence. Je me demande si je ne suis pas en train de devenir fou. C'est un bon indice que je n'aie pas encore plongé, bien que rien ne l'assure vraiment. Mon cinéma se remet en état de marche, j'imagine des perspectives inquiétantes d'une vie qui, à ce moment, n'est plus vraiment mienne – je l'ai assignée à un autre mentat. Un tremblement me raccroche à l'hiver mourant, j'ai froid, ou peut-être est-ce une vague d'angoisse qui anticipe que s'abatte sur moi comme l'épée au-dessus de Damoclès les vents rageur de la déliquescence cognitive. Une redite, peut-être l'annonce d'une escapade en terre à délires. Que fait la police des normes sociales, voilà ce que je me demande. Elle me laisse pétrir des doutes qui vont rapidement prendre toute la place de l'établis en moi d'où les autres au fond de moi fomentent moult sortes de ravissants dérèglements à spammer face à moi. Pendant ce temps brille dans leurs yeux des velléités de passer au-dessus de tout ça, la proposition bateau que tout le monde passe par là, et alors je secoue à nouveau la tête ; une autre créature m'instille de mauvaises idées auxquelles je résiste. Le monde s'étire, la vue se rétrécit. Nous sommes aux marges du Jardin Anglais et nous buvons notre soûl de Schweppes Agrumes en oubliant que mon âme est grignotée par d'inconvenantes prophéties, de celles qui se réalisent de simplement les évoquer. Mourir ? Guérir ! Déglutir le poison, rendre à la Terre les condiments âcres de nos lubies, flirter avec les anges qui, ça y est, font leur triste apparition avec cette mauvaise habitude de commenter à ma seule adresse les désagréments de mes doutes antiques. Le sol tremble un peu, mes pieds finissent par s'y enfoncer, la surface n'est pas stable. Ils sont deux à me prodiguer des conseils au sujet de ce qui prévaut dans les relations entre soi et les autres quand je me maudis l'enfer de ne pas réussir à leur faire voir, à leur permettre de saisir, à les amener à comprendre, comment faut-il le dire, que ce qui cloche relève de celle entre moi et moi-même. Dissonance cognitive, bonne intention de vouloir m'apaiser des vérités simples de la vie en société quand dans ma tête tambourinent des complexes et des équations impropres à être remis en ordre.

Nous sommes là, sur ce banc, et nous attendons une Aurore pour couronner ma débâcle psychique. Une autre voix me parle qui s'agite en agressant mon entendement. Foutu humain que je suis... N'ai-je donc pas assez de forces pour circonvenir à l'écoulement des mots des trois entités qui gouvernent mon attention ? L'ange apparaît alors en image au-dessus de moi et je n'en parle pas, pas tout de suite, il faut d'abord accepter la situation. Il est toujours là lorsque je suis dans le trouble mais ne cherche jamais à m'aider, voire me fait éclater comme si j'étais sa baudruche. Je porte mes mains à mon visage, je le masse, je le pétris, je le rends au noir, et défilent devant mes yeux des formes sinusoïdales qui forment un chemin mutant. Je reviens dans le jour, mes amis sont là, vaillants, prêts à me tendre leur esprit et m'apaiser mais n'y pouvant rien. Ce n'est pas leur faute bien sûr, je ne suis qu'à moitié là. Puis la houle se lève. Où suis-je ? Je finis par comprendre que mes efforts pour signifier la réalité se heurtent à l'indélicatesse de mes penchants hallucinatoires. C'est encore peu, j'ai rencontré de plus vastes entreprises de ma déraison, il faut que j'aille au CMP malgré tout. Alors nous équipons chacun notre barda et décidons qu'il est temps que la médecine jette un œil neuf à mon trouble.

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