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Le Canard inquiet
18 avril 2021

Summer is coming

Alors que tout, tout autour de nous, va trop vite, je me permets cette indélicatesse de ralentir. Pour boire un café, pour me laisser baigner dans les mélopées et les solos de guitare, pour adoucir ma fougue impatiente en mangeant des dattes, pour alléger le gouvernement de mon corps. C'est une sorte de laisser-aller, un mime de laisser-faire, une onde bienveillante envers mon trouble qui s'efface. Le surplus de vanité s'écarte de mon chemin, je gis, assis, et j'ambitionne que celui-ci se trouvasse enfin hors de ma vue, pour de bon. La patience, quant à elle, est le test qui vous ouvrira peut-être les portes de l'hôpital et j'en profite pour attendre l'été et la chaleur des bancs devant chez moi. Moins de l'un, plus de l'autre. Mon hôpital à moi fait 63 m², comporte trois pièces qui écartèlent ma claustrophilie, et convient à nos deux vies, celle de mon chat et la mienne. Le jour viendra où il faudra remiser les clés, aller voir ailleurs si je m'y trouve, balayer les souvenirs confus et entreprendre d'écrire un livre, une fiction cette fois, sans doute rien d'original, un début, une ébauche, un exercice, et un sommet au loin que la fatigue mentale m'empêchera probablement de gravir. Tant pis... j'essayerai. Sans me tuer à la tâche, avec la douceur d'écrire pour le plaisir et marginalement, parfois j'en ai quelques velléités, pour la gloire. Allons ! Ménageons le neurone fidéiste, mon absence complète de réseau détruira tous mes fantasmes de reconnaissance. Je ne vaux que par ma sueur, or là je fume une cigarette en écoutant Valley of the Sun. Eternal Forever. D'autres auteurs agissent de façon idoine et je me permets d'aller au rythme de mes pensées les moins construites. Car je ne suis pas un de ces philosophes, je ne suis que le perroquet de leur majesté, quand j'y saisis quelques formulations intéressantes. Et puis je comprends la grammaire comme Zappa comprend le solfège, de façon plus instinctive que scolaire. Cela met peut-être la bride à mes désirs malsains de briller mais j'y trouve le bonheur d'en être le maladroit thaumaturge. Ce qui est déjà trop dire... Et, bien que parfois je sois las, ma vie est un régal de béate joie d'en être. Je survole les volumes de texte qui embarrassent mon logis en dégueulant de papier partout où il devrait y avoir de la place et je me surprends à conter mes ambivalences et mes contradictions. Je cherche en laissant courir ma pensée qui s'égare dans des coins de ma tête qui mériteraient un bon coup de ménage pour solliciter la chance de me permettre une belle saillie, verbale et verbeuse. Si j'échoue, et bien tant pis... Je ne suis pas Jean-Paul Sartre, j'écris sans l'ordonnance malgracieuse d'en faire une œuvre politique, sans le besoin impérieux d'en faire une œuvre philosophique. Piochez ailleurs votre besoin de réglementer le monde, je passe mon tour.

C'est certain, le monde va vite. Pas le temps de se scandaliser d'une tuerie de masse en lointaine Afrique que déjà il faille pleurer un prince Outre-Manche qui nous a laissé une stupeur bien mal placée. Am I just stoned ? Je décélère. Il faut savoir prendre son temps, éclaircir le proche, d'abord, avant de s'éprouver à cheminer vers le lointain, faire de bonne fortune une ode à notre présence ici-bas à défaut d'avoir un au-delà. Les perturbations sont légion bien sûr, elles nous pourrissent autant qu'elles nous rendent plus forts, de temps en temps plus sages, et rien n'arrête leur malédiction. After the sun comes rain again. Au milieu de ce fatras, que faire ? Attendre peut-être, glisser avec assurance sur le grand toboggan qui nous fera nous échouer dans un lac de malaises, immergés dans la fange de notre incomplétude absconse, et retrouver le goût de lutter contre les éléments, contre l'implacable réel, contre notre immobilisme d'éther. Me and my head high. Le jour frappe à la porte mais nous préférons notre misère ringarde, les nuages s'écartent et nous renonçons aux nuits fêtardes à faire les troubadours pour une scène sans public sinon la crème de ceux qui nous tournent autour. Ils sont moqueurs, ils sont bienveillants. Ils sont contradicteurs, ils sont nos meilleurs amis. Smells like teen spirit. Nous ne sommes pas si peu, non, nous sommes tellement, et cela leur ferait mal au coccyx de nous voir partir trop tôt. Nous-mêmes nous sommes égayés de leur présence, de leurs commentaires fourbes, des parties gagnées ou perdues, de tous ces moments de plaisir à partager pitance et boisson. Do you feel the same, Tears out from my eyes, As I fly through the sky. Voilà tout.

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