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Le Canard inquiet
15 avril 2021

Le délire à portée de méprise

Qu'il a été pénible d'affronter encore un de mes démons. L'angoisse est apparue presque précipitamment alors que je croyais un de mes rêves enfin à portée de peu de sueur. Alors que depuis trois jours je flirtais avec l'actualité ludique pour participer à l'évolution d'un site de jeux vidéo, une mauvaise moutarde m'est montée au nez. Non, je ne suis pas décidé. Les relents de mon affliction ne font que resurgir inopinément pour me rappeler à l'ordre. Même si c'est un rare privilège, j'ai besoin de ma liberté. Et elle ne peut être que totale. Alors, parler de jeux vidéo oui aussi pourquoi pas mais sans cadre formel pour me brider ni impératif sommatoire sinon à me rendre fou. Voilà où se terre ma fragilité, dans ce recoin oublié peuplé de fiévreux avatars de mon indigence pour certains notoire. Je reprends tout à zéro, pour défier mon malaise, pour franchir comme je peux les montagnes de mon handicap. C'est une démarche qui peut sembler folle, et d'une certaine façon elle l'est bien, mais il faut retrouver l'idée de départ dans un produit tout neuf. Tergiverser, encore et pourquoi pas, écrire, comment je ne sais pas mais toujours, et se présenter au monde depuis mon cockpit ouaté. Je me sens horriblement bien chez moi, sans deadline sinon des rendez-vous médicaux à respecter, en train d'écouter Izia ou Martina Toplay Bird, Maia Vidal ou Princess Chelsea, et je n'oublie pas Fiona Apple et Emel Mathlouthi, quelque part au firmament, en même temps que j'écris ces mots aussi futiles que plaisants. Le vide m'a surpris ces derniers jours, une sensation mesquine, sans autre symptôme que l'apathie et le découragement, une bluette devant tant d'autres mésaventures mais un carnage pour l'esprit qui engloutit chaque morceau de bonheur jusqu'à les remplacer par des idées sombres. Je ne veux pas de ça. Je ne veux pas m'éteindre dans une nouvelle décompensation, et ce sans doute parce qu'on ne peut prévoir laquelle sera la dernière avant de couper le courant qui met en lumière la simple réalité. Souffrir de toutes les merveilles d'autrefois m'épuise juste d'y penser. Machine arrière ! La félicité retrouvée, je déblatère, je construis la bâtisse qui abritera mes émois, ceux qu'une dame me procure et que je tempère pour ne pas les laisser mourir dans un lyrisme mal placé. Me voulant poète parfois, je tisse des pages pleines de ferveur pour la gente aussi sincère que mon mal est troublant. Bien heureusement, je m'accepte, je nourris l'arrière-salle de mes mots écartelés et je pousse un peu plus loin mon rôle de dissident incapable.

On peut thésauriser les bons moments, les empaqueter dans de frêles souvenirs, les dorloter jusqu'à en oublier le contenu, ou en construire d'autres, difficiles parfois, alarmants, un peu excentriques, mais tellement joyeux qu'on en perd le Nord Jon. J'en veux toutes ces épiphanies, ces instants comiques où nos désirs se réalisent, et puis patatras une partie de nous se noie. Parler de jeux vidéo était de toute façon une lubie périmée, surtout si c'est pour la recadrer dans quelque chose qui ressemble à un travail. Cela m'a séparé. Cela aurait pu me tuer. Maintenant, retour dans les étoiles, attelons-nous à aimer. Ce n'est pas encore tout à fait une hérésie, bien que beaucoup se désintéressent d'y croire, mais c'est un chemin effrayant que de se suffire et d'être deux tout à la fois. Ce n'est pas notre moitié qui nous manque, c'est un alter-ego, une puissance motrice pour essuyer l'affront qu'on nous a fait en nous mettant au monde, même si c'était avec abondance de joie. Que voulons-nous maintenant ? Retrouver le solstice d'été en plein mois de Janvier, rire de tout et de soi, fabriquer des barques solides pour traverser le blizzard, nous bercer d'un peu de tendresse,... tout sauf retourner en psychédélie. Jusque là ça marchait bien, maladroitement mais de façon confortable. J'écrivais, je planais, je cherchais cette autre dans les yeux de la Providence et puis, par inadvertance, s'est bâtie une forme de bonne intelligence. N'oublions pas d'être prudents et rassemblons les débris désormais en miettes des heurts passés dont nous essayons de nous sevrer. Rien de vraiment difficile, c'est juste le doute qui plane à cette distance. Et manifestement, je n'ai plus la fibre pour pondre des épîtres malades sur les jeux vidéo sinon au détour de bons papiers que je me permettrai sans doute ici de temps à autre quand désir se fera. Je prends ma part de plaisir à exister en prophétisant un futur plein de ravissements mais je n'en oublie pas ma nature défaillante, celle-ci qui augure déjà quelques mauvais moments. Laissons faire le temps, réparons-nous avant de commencer le voyage, soyons alertes des impasses et en même temps bravons la sinistrose. Pour tout dire, arrêtons de croire que nous reviendrons un jour dans le monde du travail.

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